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[2018] L’Islande s’installe en France

Jeudi 22 Novembre 2018, la classe de Manaa du lycée a fait la rencontre d’un
auteur islandais, Arnar Mar Arngrimsson. En effet, son roman jeunesse Tout Le
Monde Veut Son Poison (2018) a été adapté et traduit en français sous le titre Viré
Au Vert, roman que les élèves de la classe ont étudié.

Sölvi est un adolescent renfermé, agressif et solitaire, au grand dam de ses
parents qui décident de l’envoyer à la campagne chez sa grand-mère, dans une
ferme reculée de l’Islande, sans réseau. Après quelques jours enfermé dans sa
chambre à griffonner des textes de rap avortés, Sölvi s’habitue peu à peu à cette vie
et à ce milieu.

A l’aide de leur professeure de français, Madame Chaudet, les élèves de
Manaa ont élaboré des questions à poser à l’auteur lors d’une rencontre organisée
au CDI, afin d’en savoir un peu plus sur lui, mais aussi sur son roman.

Q : Pourquoi avez-vous choisi de parler d’un adolescent ? Pour quelles raisons avez-vous
fait le choix de viser de type de cible ? (Hortense Ardley, Julien Goupil)

R : Je suis professeur de littérature et d’islandais dans un lycée. Ces 15-20
dernières années, j’ai pu constater un changement dans le comportement et les
loisirs des adolescents. Par ailleurs, j’ai également remarqué une augmentation
d’angoisses, et de plus en plus de dépressions chez les ados, une forme
d’incertitude à propos de leur existence. Ces derniers ont l’air perdu. J’ai également
voulu faire passer un message personnel à propos de ce que j’ai vécu quand j’étais
jeune. C’est pour cela que j’ai choisi ce type de cible, pour en quelque sorte
apporter une aide aux ados.

Q : Vous êtes-vous inspiré d’une personne réelle ou d’une situation vécue ? (Pauline Balleroy, Logan Gerard Eliezer)

R : Le personnage principal n’est pas basé sur une personne unique mais beaucoup
de personnages le sont. Par exemple, la grand-mère, dans le livre, est en partie
basée sur mon beau-père qui était agriculteur en Islande.

Q : Avez-vous dû mener une enquête sur le langage et les manières des jeunes Islandais
de nos jours ? (Capucine Tessier, Sandro Malthey-Ferreira)

R : Non pas vraiment, mais le fait de devoir corriger les devoirs des élèves m’a
permis de voir l’évolution de la grammaire et du vocabulaire. En ce qui concerne
l’écriture des parties en slam, j’ai toujours aimé toute sorte de littérature et le rap.
Pour moi, le rap part du même principe que la poésie du XV ème siècle. J’ai toujours
ce rêve de devenir un jour un rappeur célèbre. (Rires)

Q : Dans quelle mesure votre héros, Sölvi, vous semble-t-il incarner les problématiques de
l’adolescence ? (Louise Manquest, Camille Hervy)

R : Étant professeur de lettres et d’islandais, mon travail m’a permis d’observer
quotidiennement les adolescents d’aujourd’hui. Mais pour moi, Sölvi ne les
représente pas. Le héros de mon roman est un génie qui s’ignore et le seul moyen
dont il dispose pour s’exprimer, ce sont les nouvelles technologies d’aujourd’hui.

Q : Vous-même, quel type d’adolescent étiez-vous ? Pouvez-vous, s’il vous plaît, dresser
votre autoportrait ? (Gaëlle Beuzit, Emma Simon)

R : J’étais introverti et assez seul durant mon adolescence, un peu comme Sölvi.
J’aimais rester seul à lire des livres tout comme mon personnage passe son temps
sur son ordinateur portable. Cependant, contrairement au héros de mon roman,
j’aimais beaucoup faire du sport. Cela m’empêchait de m’isoler complètement et me
permettait d’avoir des liens sociaux.

Q : Quels messages avez-vous souhaité véhiculer dans ce roman ? (Léa Fixy, Chloé Boucher)

R : Il y a beaucoup de choses que j’avais envie de mettre à l’ordre du jour. Ce que je
voulais montrer principalement est l’importance des rapports inter-générationnels ;
c’est-à-dire l’entretien des liens entre l’ancienne et la jeune génération et le partage
des expériences. Ce que je trouve le plus triste, c’est que les générations
d’aujourd’hui n’ont plus aucun rapport, rien en commun. En Islande, l’évolution des
rapports inter-générationnels est devenue néfaste, par exemple les enfants qui sont
à la crèche n’ont aucun lien avec leurs grands-parents qui sont en maison de
retraite. Les grands-parents n’ont pas la chance de rencontrer leurs petits-enfants.

Q : Nous n’avons malheureusement pas eu accès à la version définitive de votre oeuvre, mais uniquement à certains extraits et à un résumé : quelles ont été vos principales modifications ? Pourquoi avez-vous décidé de corriger certains passages ? (Lisa Hamidouche, Baptiste Lerouvillois)

R : J’écris vite et me relis de nombreuses fois. Il existe au moins 10 ou 15 versions
du roman. Les principales modifications que j’ai effectuées ont été la disparition de
certains personnages, d’autres qui ont pris plus d’importance que prévu et la
présence de romantisme. En effet, à l’origine il n’y avait pas de romantisme dans
l’histoire. Je me relis et modifie mon texte jusqu’à en être pleinement satisfait.

Q : Combien de temps vous a-t-il fallu pour rédiger ce roman ? (Virginie Pype, Pauline Germain)

R : Il m’a fallu trois ans pour rédiger ce roman. C’était mon premier livre et je ne
savais pas vraiment comment m’y prendre, alors je me suis juste assis et j’ai
commencé à écrire.

Q : Quelles sont les étapes principales de votre travail de romancier ? (Marie Adde, Rachel Suzanne)

R : Pour ce livre, c’était plutôt un accident. Je n’ai pas réellement décidé de l’écrire.
J’écrivais un peu tous les jours et une fois que j’ai eu un corpus assez conséquent,
j’ai décidé d’en faire un roman.

Q : Avez-vous des rituels susceptibles de vous aider ? (?)

R :J’écris le matin, avec de la musique et un bon café. La musique est essentielle.

Q : Que pensez-vous du titre français, Viré au vert ? (Hugo Giffard, Marc De Saint Jean)

R : *rire* J’essaye encore de le comprendre... Non, véritablement, je suis content de
cette traduction. De plus j’ai pu rencontrer le traducteur français et il m’a expliqué
son travail. Avec les deux sens du mot" vert", pour rappeler le vert de la campagne
où Sölvi est envoyé dans mon livre, et l’expression "vert de rage", le titre est
parfaitement trouvé. C’est un excellent titre. Il est arrivé que dans d’autres
traductions du livre, le titre n’ait aucun sens ou rapport avec l’histoire.

Les élèves de la classe de Manaa face à Arnar Mar Arngrimsson

Hanae Radulph

Luca BEUNARD - Chargé communication

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